La méthode OSBD : étapes 3 & 4 pour communiquer efficacement en classe

La méthode OSBD : étapes 3 & 4 pour communiquer efficacement en classe

30 septembre 2021 0 Par Laureline

Parfois (souvent ? :?), on peut se retrouver en difficulté devant les élèves, en proie à des émotions par toujours simples à gérer.

On respire. 🙂

Dans ce premier article sur la méthode OSBD, je vous détaille les deux premières étapes pour communiquer tranquillement lors d’une situation délicate. On y voit comment observer simplement les événements et exprimer les sentiments que cela crée en nous.

Accroche-toi, ça se corse un peu. Il s’agit à présent d’examiner les besoins qui sont à l’origine des émotions précédemment citées.

Les besoins

Il est fondamental de comprendre la notion de besoin afin de développer une communication réellement efficace, consciente, et bienveillante. Comme l’a détaillé Abraham Maslow, chaque être humain cherche en permanence à combler un certain nombre de besoins.

Nos besoins primaires sont physiologiques : manger, boire, dormir, respirer, bouger.

Nos besoins de sécurité et d’appartenance sont également essentiels, ainsi que nos besoins d’estime et d’accomplissement personnel.

Les besoins selon Abraham Maslow

Lorsque l’un ou plusieurs de ces besoins ne sont pas comblés, un mouvement se crée à l’intérieur de nous afin de révéler cette contrariété. Ce mouvement, qu’on appelle émotion, nous permet de prêter attention à nos besoins profonds, et d’agir en direction de leur satisfaction.

Nous pouvons nous demander :  » de quoi ai-je besoin dans cette situation ? « 

Il est intéressant de commencer par noter intérieurement si nos besoins physiologiques sont satisfaits ou non : il faut bien l’avouer, avoir l’estomac vide ou la vessie pleine rend légèrement bougon… O:-)

Ensuite, peut-être avons-nous besoin de sécurité, de calme et de soutien : vivement la récré pour 3 minutes de calme…

Cela peut également être un besoin d’appartenance, de confiance et de partage, ou d’entrain, de motivation, de dynamisme : hâte de raconter la dernière aux collègues !

Ou encore un besoin de considération et de respect : euh… j’ai pas d’exemple.

Cette troisième étape de la méthode OSBD peut être introduite par « J’ai besoin de … + nos besoins ».

Exemple : Quand je me retourne pour écrire au tableau, j’entends certains élèves ricaner.

Je me sens ridicule, j’ai peur que vous soyez en train de vous moquer de moi. Je me sens déstabilisée et moins concentrée sur notre cours.

J’ai besoin de me sentir en confiance avec vous, et efficace dans le travail que je vous propose.

Remarquons que toutes ces phrases commencent par « je ».

C’est important, car cela évite de donner à l’autre la sensation immédiate d’être accusé.

Souvent, lorsqu’une phrase commence par « tu », elle est reçue comme une attaque.

Par exemple, si je dis à un élève « Tu parles trop ! », il va très probablement soit s’en défendre (« Mais c’est Charlie qui me parlait ! »), soit se rebeller plus discrètement, en expliquant plus tard à ses camarades à quel point « ce prof est nul »…

En CNV, on aime dire que « le tu tue » ! Car l’accusation d’un « tu » tue en effet la communication.

Ces trois premières étapes nécessitent un intense travail de réflexion sur soi. Elles peuvent sembler impressionnantes. Ces exercices requièrent de l’entraînement avant de devenir une habitude. Soyons tolérants et patients avec nous-mêmes !

Besoins
3e étape de la méthode OSBD : quels sont mes Besoins ?

La demande

La quatrième étape de la méthode OSBD est, elle, tournée vers les autres.

Nous allons formuler à notre interlocuteur une demande, afin de satisfaire les besoins que nous avons énoncés précédemment.

Maintenant qu’on a fait le point sur notre état intérieur, cherchons comment être apaisés.

On peut avoir besoin d’un instant de calme pour réfléchir, ou d’explications pour comprendre l’état dans lequel sont les élèves.

Pour être entendue, notre demande doit être formulée explicitement.

Du coup, on pourrait utiliser une formulation comme : « Serais-tu / Seriez-vous d’accord pour … + notre demande ».

Exemple : Quand je me retourne pour écrire au tableau, j’entends certains élèves ricaner.

Je me sens ridicule, j’ai peur que vous soyez en train de vous moquer de moi. Je me sens déstabilisée et moins concentrée sur notre cours.

J’ai besoin de me sentir en confiance avec vous, et efficace dans le travail que je vous propose.

Seriez-vous d’accord pour m’expliquer ce qui vous agite, ou pour être plus discrets ?

Il est important de noter qu’une demande n’est pas une exigence : nous devons être capables d’accepter un refus. C’est une proposition que nous exprimons et qui peut être rejetée. Si tel est le cas, nous pourrons chercher ensemble une nouvelle solution qui conviendra à tous.

Dans cet exemple, les élèves se sont empressés de m’expliquer qu’ils ne se moquaient pas du tout de moi ! Il était très important pour eux que je sache que ce n’était pas leur but mais qu’ils riaient pour d’autres raisons. Et qu’ils souhaitaient d’ailleurs cesser de me mettre mal à l’aise.

Cette formulation en quatre étapes, grâce à la méthode OSBD, nous a permis de vivre un intense moment de partage et de confiance mutuelle. J’ai véritablement senti une plus grande connexion avec cette classe par la suite, je me sentais davantage en sécurité avec ces élèves, et je les ai trouvés eux aussi rassurés et naturellement plus respectueux.

C’est pas génial, ça !?

Plus notre demande est simple et claire, plus elle a de chances d’être entendue et, sans doute, acceptée. La méthode OSBD est exigeante au départ, elle demande beaucoup d’investissement personnel pour s’approprier les bons réflexes. Il s’agit ici de bousculer nos habitudes, afin d’en intégrer de nouvelles : ne pas accuser l’élève, ou les élèves, de notre malaise, mais leur proposer de nous aider à en sortir, en se tournant d’abord vers soi. C’est un travail conséquent, qui mérite d’être mené courageusement afin de simplifier et d’assainir nos relations élèves – enseignants. Soyons à la fois persévérant et doux avec nous-mêmes, la récompense est à la hauteur de cet engagement : une remarquable qualité relationnelle !

Demander
4e étape de la méthode OSBD : Demander !

En résumé, la méthode OSBD c’est quoi ?

Lorsqu’une émotion nous bouscule, ou qu’un incident se produit, prenons le temps d’utiliser la méthode OSBD. Nous nous offrons ainsi la possibilité d’être à l’écoute de nos ressentis et de nos besoins. Et nous offrons également la possibilité à nos interlocuteurs de comprendre ce qu’il se passe réellement à l’intérieur de nous, et d’y réagir positivement.

Ça vaut la peine !

Voici un nouvel exemple pour résumer la méthode « O S B D ».

Observation des faits :

« Quand tu donnes une réponse sans lever la main… »

Sentiments déclenchés :

« … Je me sens contrariée et désolée pour les autres élèves qui souhaitent répondre. »

Besoins non comblés :

« J’ai besoin de plus de calme, et d’équité, c’est-à-dire d’être juste pour toute la classe. »

Demande :

« Serais-tu d’accord pour laisser aux autres élèves le plaisir de répondre ? Peut-être pourrais-tu écrire ces choses auxquelles tu penses sur ton cahier, et je passerai lire ? »

Afin de s’exercer à ces formulations, le top est de s’entraîner avec une situation déjà vécue : il suffit de se remémorer les faits, les sentiments qu’ils ont déclenchés, les besoins qui n’étaient pas comblés, et enfin d’imaginer la demande qu’on aurait pu exprimer.

Alors, ça vous tente ? 😀

A vous de jouer !