C’est quoi, vraiment, une éducation bienveillante ?

C’est quoi, vraiment, une éducation bienveillante ?

30 septembre 2021 0 Par Laureline

Prônée à tout bout de champ dans les textes officiels, l’éducation bienveillante semble être devenue incontournable depuis quelques années.

Mais… De quoi parle-t-on au juste ? 🙄

Qu’est-ce qu’une éducation bienveillante ?

La bienveillance selon le dictionnaire ?

Les définitions de la bienveillance ne sont pas claires…

Le Larousse définit la bienveillance comme une « disposition d’esprit inclinant à la compréhension, à l’indulgence envers autrui ».

D’après le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, la bienveillance est perçue couramment et étymologiquement comme une attitude concrète, d’une personne envers une autre.

Autrement dit, elle est donc une « disposition particulièrement favorable à l’égard de quelqu’un ».

Elle y est également exposée d’un point de vue moral comme une vertu.

Ainsi, on lit que la bienveillance universelle est une « disposition généreuse à l’égard de l’humanité », et la bienveillance mutuelle la « qualité d’une volonté qui vise le bien et le bonheur d’autrui ».

D’après ces définitions, la bienveillance semble à la fois être un comportement à l’égard d’autrui, que l’on choisit d’adopter, et un élan immatériel et naturel qui fait partie de nous sans qu’on l’ait choisi.

Dans ces deux cas, la bienveillance est décrite comme une « disposition » de l’humain, de certains humains.

Et une « disposition », c’est quoi ?

Voyons ce que cache ce terme un peu vague et soumis à interprétation.

Sommes-nous tous « disposés » à être bienveillants ?

La bienveillance est-elle une attitude que l’on favorise, ou bien fondamentalement une valeur que l’on possède (ou ne possède pas…) ?

La définition que donne le Larousse d’une « disposition » ne nous éclaire pas puisqu’on y apprend qu’elle est une « tendance de quelqu’un à être ou à agir d’une certaine manière ».

Être ou agir…

Les pensées conditionnent nos actions, ou nos actions influent sur nos pensées…? 🤔

La bienveillance semble donc être un subtil mélange, ou plutôt une complexe combinaison entre des actions réfléchies et un trait inné de personnalité.

Or, nous influons sur nos comportements grâce à la pensée et la raison.

S’il nous semble raisonnable d’adopter un comportement bienveillant, nous laissons alors la possibilité à nos actions de s’accorder à cet élan.

Et notre raison. Notre personnalité, notre caractère. Notre être. Peut-on l’influencer afin de lui permettre d’exprimer une bienveillance profondément enracinée ? Nos choix comportementaux ont-ils en retour une influence sur notre psyché ?

Sommes-nous tous des humains bienveillants ?

Les programmes invoquent en chaque humain enseignant sa capacité à mettre à disposition à la fois une posture et également un état d’esprit bienveillant à l’égard de l’enfant, de chaque enfant.

Cette disposition potentielle de l’être humain est devenue un attendu professionnel national pour les 870 900 enseignants des premier et second degrés (en 2019).

La définition de la bienveillance peut d’abord laisser penser qu’elle est une possible valeur de l’être humain, que l’on peut posséder naturellement.
On lit également qu’être bienveillant consiste à adopter consciemment des comportements dirigés vers le bien-être d’autrui.
La frontière entre la bienveillance comme « vertu innée » ou comme « attitude choisie » semble discutable, et questionne justement sur le positionnement attendu de la part des enseignants.

Peut-on exiger que chaque professeur soit intrinsèquement doté d’une certaine vertu ?
Comment transmettre la bienveillance, sans la connaître mieux ?
Comment est-elle abordée dans la formation des personnels éducatifs ?

La bienveillance selon les neurosciences ?

Les neurosciences affectives et sociales constituent un nouveau champ de recherche scientifique, analysant nos émotions à la lumière des mécanismes cérébraux.

Les découvertes récentes révolutionnent les approches éducatives, orientant principalement leurs conclusions vers l’importance de la bienveillance dans la relation enfant – enseignant.

Dans son livre « Heureux d’apprendre à l’Ecole », Catherine Gueguen expose, études scientifiques à l’appui, les conditions optimales pour apprendre, et insiste sur l’importance d’une posture empathique et soutenante de l’adulte envers l’enfant.

En effet, le développement du cerveau de l’enfant et l’envie, naturelle et spontanée, d’apprendre sont optimales dans le cadre d’un rapport accueillant et sécurisant.

Toute violence éducative (humiliation, violence verbale, menace, privation, …), si courante soit-elle, est profondément néfaste à la curiosité et au progrès.

Construire un lien basé sur la confiance apparaît donc comme absolument nécessaire à l’épanouissement de l’élève.

Ces considérations impliquent le concept de « compétences psychosociales » : il s’agit de les transmettre à l’enfant grâce à une nouvelle posture éducative, et nécessairement de les développer en amont chez les personnes en contact avec les enfants et les adolescents, c’est-à-dire les parents et tous les personnels éducatifs.

La bienveillance est aujourd’hui scientifiquement reconnue comme indispensable dans tout environnement d’apprentissage.


Quelle place a-t-elle dans les recommandations actuelles de l’Education Nationale ?
Qu’entend-on expressément par bienveillance ?
Comment est-elle présentée dans la formation des personnels enseignants ?

Démêlons ces questions dans un nouvel article !

Et s’il était nécessaire de commencer par offrir de la bienveillance aux enseignants…?